La mutation imperceptible et inéluctable du bureau :
Du bureau d'antan au poste de travail "à la demande", intégré et connecté.
Toute une histoire
Les tout premiers des centres d'affaires en France dans les années 70 se sont consacrés au « bureau service » s'adressant à des microstructures ou filiales de sociétés qui pour des raisons diverses n'avaient pas convenance à recourir à ce qui passait pour la seule voie obligée, ou considéré comme telle, le fameux bail commercial.
En somme, le plus souvent lorsqu'on avait recours au centre d'affaires, parce qu'on n'avait pas les moyens ou la possibilité de faire autrement...
Dans les années 80, la France découvrant la création d'entreprise, le capital risque, etc. bien des réseaux de centres d'affaires ( ACTE, ASPAC...) se sont orientés vers ce créneau, ce qui aurait pu constituer une vraie bonne idée, mais s'est trouvé contrecarré des pesanteurs, la concurrence de structures subventionnées, un état d'esprit général peu propice à la création de richesses, ce qui a porté un rude coup à ce créneau économique prometteur. De facto, ce créneau en France a pris un énorme retard.
Les années 90, à coté de concepts indépendants ( tels que Neopole), ont donc vu entrer en force des groupes de plus grande envergure nés à l'étranger tels que Regus, soutenus par de gros financements, s'adressant principalement à des filiales ou agences de groupes multinationaux, et visant le très haut de gamme... à des prix qui le sont également ...
Les concepts indépendants comme Neopole quant à eux, qui visent tous types de clients, à des conditions économiques attractives, et leur proposent une alternative complète et crédible aux solutions traditionnelles, ont commencé à apparaître. C'est-à-dire en offrant souplesse et évolutivité, des économies d'échelle, la simplicité, une puissance technologique, et en allant éventuellement jusqu'au poste de travail clé en mains.
Au cours des mêmes années on a vu se développer l'approche dite de «facility management» qui propose l'externalisation de la fonction immobilière, sans toutefois aller jusqu'au poste de travail.
Dans les années 2000, on voit donc cohabiter des « pépinières » subventionnées, le « facility management », des structures issues de complexes politico-financiers, des concepts de type HQ, MWB ou REGUS, des réseaux d'indépendants comme Buroclub, des réseaux intégrés comme Multiburo et toujours ces réseaux « indépendants » comme Neopole. Neopole se distingue en axant déjà son offre sur le poste de travail complet, technologiquement avancé, modulaire, à la carte.
Drôle de voiture !
Ainsi, on voit se développer un mouvement paradoxal, avec un besoin de nouveauté qui monte, mais à l'inverse des freins culturels qui inhibent cette évolution.
La raison ? pour reprendre l'image du chêne et du roseau, dans une économie de plus en plus heurtée et mouvante il est bien plus sécurisant d'être souple, modulaire et évolutif, plutôt que figé dans un carcan rigide tel que l'impose le cadre juridique des recettes traditionnelles. Et pourtant dans le même temps, dans un contexte qui résiste à tout ce qui n'est pas institutionnel, les initiatives qui vont dans le bon sens sont freinées ou bloquées.
Pour prendre une tout autre image, aujourd'hui envisagerait-on facilement d'acheter une voiture qui n'accélère pas, ne freine pas, qu'on vous livre en kit, qui tombe sans cesse en panne, et qui ne dispose pas de réseau d'entretien, qu'il vous faut donc entretenir et réparer vous-même ?
Accepterions-nous en outre de la payer plus cher qu'une voiture fonctionnelle ?
A juste raison, non, nous serions "morts de rire"...
Et pourtant c'est exactement ce qu'on nous propose et ce que nous acceptons sans sourciller dans les solutions immobilières traditionnelles, qui cumulent exactement tous ces inconvénients, par opposition aux solutions nouvelles, intégrées et évolutives. Et pourtant... toutes les structures instituées poussent à ces méthodes dépassées.
Par habitude sans doute, ça ne nous choque pas !
Naguère, les alternatives n'existant pas, il fallait bien en passer par l'unique chemin praticable. Mais entre-temps, de nouvelles possibilités ont vu le jour, d'autres chemins ont été tracés, mais restent mal connus il est vrai.
Un véritable piège...
La stabilité économique d'antan n'est plus qu'un vieux rêve. Lorsqu'elle se mêle à la rigidité, elle devient un obstacle, et le sentiment de sécurité qui découlait de toute cette lourde mécanique devient illusoire. En plus c'est un piège, quand on y est entré, on n'en sort plus que très difficilement et avec de gros frais. Même si dans bien des cas elles conviennent parfaitement. Le point est qu'on les applique à la quasi-totalité des cas, comme la panacée qu'elles ne sont plus.
Alors c'est vrai, juristes, politiciens, et experts de l'immobilier se pressent périodiquement autour de la vieille idole pour s'acharner à lui refaire une beauté : vieille cocotte décatie qu'on s'obstine à vouloir maquiller en jeunette. Peine perdue : ça sent le rance, la naphtaline et les vielles dentelles
Alors dans cette lutte entre les réalités, les besoins, les faits d'un coté et les dogmes, les archaïsmes, les blocages de l'autre, qui l'emportera finalement? A long terme, les réalités ont toujours le dernier mot, mais quand ?
Mais que se passe-t-il donc dans le monde du bureau ?
Il se passe que le monde change et que dans ce sillage beaucoup de choses qu'on croyait immuables doivent changer. Quand on parle de bureau, chacun croit savoir de quoi on parle.
Et pourtant le bureau dans son acception ancienne est en crise. La surface n'est qu'un accessoire pour recueillir le poste de travail. Lui-même est dépendant de son environnement.
Un poste de travail opérationnel doit donc intégrer l'ensemble des notions.
Dans une telle vision, le poste de travail cesse d'être « un coût » pour devenir un outil stratégique de productivité, hors il ne peut le devenir que s'il est parfaitement maîtrisable contrôlable, souple, variable, en adéquation à tout moment avec les buts qu'on se fixe. Pour ce faire il doit bannir les rigidités et les coûts cachés pour devenir totalement souple, simple, et limpide :
« Il me faut 17 postes de travail pour 7 mois, puis 5 pendant 3 mois, qui ont telles ou telles caractéristiques, et qui me coûtent 570 € par mois chacun ». Dans ces conditions, je peux lancer un projet, comparer mes risques et mes opportunités, contrôler sans difficulté, gérer sans peine.
La « muabilité »... par excellence.
Puisque « rien ne doit plus rester immuable si l'on ne veut pas que tout s'écroule » ! Avec les nombreuses solutions, au menu ou à la carte, de ces nouveaux opérateurs, vous choisissez déjà « juste ce qu'il vous faut » : c'est du sur-mesure, voire du cousu-main. Et ce « juste ce qu'il vous faut », vous l'avez « juste à temps », pas 4 mois avant, et pas 2 mois après, juste quand il le faut ! Dans cette approche, on ne vous livre pas les sous-ensembles en disant : débrouillez-vous ! ... Au contraire, on s'occupe de tout. C'est la « muabilité », autrement dit, tout à la fois : modularité, évolutivité, adéquation, flexibilité, élasticité, malléabilité. Vous accélérez ou vous freinez, quand vous le voulez. Une nouvelle opportunité ? « j'accélère : je prend 15 postes de travail en plus pour la semaine prochaine ! » Une mauvaise passe ? (ça arrive !) « je freine : j'allège mes structures de 60 m² et 5 postes de travail le temps qu'il faut », au lieu de prendre le risque « d'exploser en vol » ou de mettre mon projet à terre avec des structures et des frais fixes. Un gros marché vient de tomber ? du jour au lendemain je demande à la structure du centre de venir m'épauler pour gagner la partie. Un nouveau projet ? je peux le tester sans risque ! J'ai embauché une secrétaire supplémentaire ? je prends immédiatement moins de services et je diminue ma facture du centre d'affaires. A l'inverse, ma secrétaire a démissionné, ou est malade ? De la même manière, mon partenaire y pallie tout naturellement, et rien ne s'arrête...
La poule et l'œuf
Sachant qu'en outre ce n'est même pas plus cher qu'avec les vieilles méthodes, bien au contraire, on peut se demander : comment peut-on s'en passer ? On ne le peut pas, en réalité, mais on ne le sait pas toujours ! Ces solutions sont dans bien des cas une arme absolue ... et en même temps une arme méconnue !
Cela devient encore plus pressant avec l'émergence du télétravail, à domicile ou en "tiers lieux", en télécentres, en espaces de co-working, ou encore en Polypoles.
Une fois encore avec les dogmes, les obstacles qui s'accumulent, la France va-t-elle une nouvelle fois rater le coche et prendre du retard sur le monde qui bouge?
Toute la question comme souvent se résume à la dialectique de la poule et l'œuf : l'offre de telles alternatives est restreinte, car elle se cale sur la demande qui hésite, qui n'arrive que progressivement, elle-même limitée par l'insuffisance de l'offre... Pour que le processus s'accélère il faut que l'offre soit mieux connue, afin qu'elle stimule la demande, car l'offre ne se développera que si la demande s'exprime davantage, ce qu'on pourrait dépeindre comme « un processus cumulatif de progrès »...
Alors, qui commence? on attend? Les structures étatiques qui ont freiné le mouvement pourraient être le déclencheur. Mais en ont-elles la volonté et la capacité, et quand ?
En quelques mots
Arme absolue, le poste de travail externalisé muable, c'est la nouvelle manière d'envisager le lancement de projets.
Car rien ne doit plus rester immuable si l'on ne veut pas que tout s'écroule. Plus performant, plus simple, moins cher, comment peut-on encore s'en passer ? On ne le peut pas en réalité, mais on ne le sait pas toujours...